Oui, c'est permis ; car l'ordre de donner la zakat au pauvre vise à faire parvenir des ressources aux nécessiteux, et il n'y a pas de différence entre la chose elle-même et sa valeur. Il n'existe pas de preuve interdisant de donner la valeur, comme mentionné dans Omdah al-Ra'ayah, 1: 276. Cela est soutenu par les paroles du Prophète Muhammad (paix soit sur lui) à Mu'adh (qu'Allah soit satisfait de lui) lors de son envoi au Yémen : « Prends le blé du blé, le mouton du bétail, le chameau des chameaux, et la vache des vaches. » Malgré cette désignation explicite de sa part, Mu'adh (qu'Allah soit satisfait de lui) a dit aux gens du Yémen : « Apportez-moi des vêtements en tissu fin ou en laine pour la charité à la place de l'orge », sachant (qu'Allah soit satisfait de lui) que l'objectif était de satisfaire les besoins des pauvres, et non de se limiter à ces biens spécifiques. C'est pourquoi il a dit (qu'Allah soit satisfait de lui) : « Car cela est plus facile pour vous et meilleur pour les émigrants à Médine. » Le Prophète (paix soit sur lui) a approuvé cela, et s'il s'agissait d'une contravention à la loi divine, il ne l'aurait pas approuvé et lui aurait ordonné de le rendre à ses propriétaires et de s'en abstenir. D'après Omar (qu'Allah soit satisfait de lui) : « Il prenait des biens en charité sous forme de monnaie et d'autres biens », car il (qu'Allah soit satisfait de lui) prenait la valeur de la charité en biens. D'après Ali (qu'Allah soit satisfait de lui) : « Il prenait des biens en échange de la jizya des gens de la laine, de l'argent des gens de l'argent, et des cordes des gens des cordes » ; car il (qu'Allah soit satisfait de lui) prenait la valeur de la jizya de chaque peuple selon ce qui leur convenait. Abu Ubaid, après avoir mentionné les récits précédents, a dit : « Omar et Ali (qu'Allah soit satisfait d'eux) ont permis de prendre des biens et des animaux à la place de la jizya, alors que son origine est en dirhams, dinars et nourriture. Leur opinion était également la même concernant les compensations en or, en argent, en chameaux, en vaches, en moutons et en chevaux, car ils voulaient faciliter les choses pour les gens en prenant de chaque groupe ce qui leur était accessible. » Al-Ayni, dans Omdah al-Qari, commentaire de Sahih al-Bukhari 8:9, a dit : « Sachez que donner la valeur en zakat est permis chez nous, ainsi que dans les expiations, la charité de rupture du jeûne, la dîme, la taxe et les vœux. C'est l'avis d'Omar, de son fils Abdullah, de Ibn Mas'ud, de Ibn Abbas, de Mu'adh et de Tawus (qu'Allah soit satisfait d'eux). Al-Thawri a dit : Il est permis de donner des biens en zakat s'ils sont à leur valeur, c'est l'avis de Al-Bukhari et l'un des deux récits d'Ahmad. S'il donnait un bien en échange d'or et d'argent, il a dit : Ashhab le permet. Al-Tartushi a dit : C'est une opinion claire sur la permission de donner des valeurs en zakat. Il a dit que nos compagnons — des Malékites — ont unanimement convenu que s'il donnait de l'argent en échange d'or, cela lui était suffisant, de même que s'il donnait un dirham en échange d'argent selon Malik (qu'Allah soit satisfait de lui)... c'est un avis pour les Shafi'ites. Ibn Habib a permis de donner la valeur s'il le jugeait meilleur pour les pauvres.